L'histoire de mon peuple est celle d'une quête. Une quête vers l'ouest et ses riches terres, une quête vers la paix et la sécurité. Autrefois maîtres d'un royaume céleste sur terre en Saxe, nous en avons été chassé, et depuis errons en quête d'une nouvelle terre d'accueil.
Ce qui nous pousse vers l'Ouest vient de l'Est et de ses obscures contrées. Par delà les plaines et les sombres forêts marchent des peuples au nombre infini et à la force surhumaine, à la taille bestiale et aux montures infernales. Notre peuple est en danger, et de nouveau doit quitter ce qu'il a si longtemps mit à batir.
On dit que par delà les contrées viennent les Huns.
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Visimar fut le premier d'entre tous les Vandales à prendre conscience du péril qui guettait nos chaumières et notre bétail. Il fut le premier à réclamer l'arrêt des luttes intestines qui nous opposaient entre nous et entre voisins, il fut le premier à lever son armée et à protéger nos frontières. Quand l'arrivée des Huns fut déclaré imminente, quand des rescapés mêmes des invasions de l'Est vinrent traverser nos terres, il fut décidé par acclamation que Visimar prendrait la tête de l'armée et de la couronne Vandale. Au premier été de notre Exode (363 après Jésus-Christ), notre peuple passa la Vistule et pénétra au cœur de la Germanie.
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Ce qui nous poussait vers l'Ouest nous poussait vers d'autres peuples. En traversant la Vistule, Visimar savait qu'il transgressait les terres et les foyers des Lombards. Alors que le peuple était encore sur la rive orientale du puissant fleuve, Visimar implora les Dieux d'être son guide et celui de son peuple. Il les implora de les protéger et de leur réserver, par delà les fleuves et les vallées, une terre où récolter à nouveau le blé et élever le bétail. Ce faisant il promit à Thor d'égorger mille agneaux et de bâtir mille autels en son honneur une fois le temps du voyage terminé. Le cortège se mit en branle et traversa le froid fleuve.
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La traversée de la Germanie mit plus de 4 ans à conclure. Ce n'était pas une armée qui était en marche, c'était un peuple. Là ou des guerriers auraient mis quelques mois, hommes, femmes et enfants mirent des années. Il faisait grand peine voir de telles cohues en de telles inhospitalières contrées. La marche épuisait les plus vieux et séparait faibles et bien portants. Les visages étaient sombres, et la faim et la maladie contigües creusèrent tant les rangs que lorsque le peuple arriva aux limes de la Germanie, il avait perdu la moitié de sa taille et l'essentiel de son ardeur. Pour la première fois l'expédition, si loin de ses terres, était toute proche de l'anéantissement.
Jusqu'ici les Lombards s'étaient contentés de suivre avec défiance les lambeaux d'armées qui violaient leur propriétés. Malgré toutes les marques d'affection que nous leur témoignions, pas une seule fois il ne nous offrirent l'hospitalité. Deux grands amis d'autrefois se considéraient et se mesuraient au fil des errances. Mais le périple en Germanie touchaient à sa fin, et devant nous surgissait un autre obstacle : les eaux rugissantes du Rhin.
C'était là le fleuve le plus effrayant qu'il nous ai été permis de voir durant notre fuite. Le lit du fleuve atteignait en plusieurs endroits comme des kilomètres et le temps était à la tempête. Les grands prêtres disaient que là était la frontière entre le royaume des vivants et celui des morts, et qu'au delà du cours, nul ne pourrait jamais revenir ni témoigner. Pour la première fois du voyage Visimar décevait toutes les espérances portées en lui. Nul ne savait comment pénétrer au royaume des morts et tous étions condamnés au royaume des vivants.
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Alors que nous étions immobilisés depuis plusieurs lunes sur la rive orientale du fleuve et que Visimar s'apprêtait au grand retour, le peuple noua ses premiers contacts depuis sa fuite avec une autre communauté. C'était là le digne peuple des Francs, qui habitait ces terres depuis des générations et qui avait appris à connaitre les éléments de la région. Ils nous firent traverser le peuple en amont du lit majeur dans un gué. Là le peuple traversa, et même si ses pertes furent nombreuses, l'élément s'était vu surmonter et notre multitude victorieuse.
Notre peuple noua de solides liens d'amitié avec le peuple franc tout le temps de son escale en ses terres. Visimar était redevable à Clodion, le roi des Francs, et leur estime était telle qu'il fut proposé au peuple vandale de se joindre au peuple des francs et de ne faire plus qu'un. Après tant d'années de pérégrination, c'était là une heureuse conclusion à l'Exode. Mais les nuages s'amoncelaient à l'Est. On disait que nos anciens voisins et ennemis de toujours, les Roxolans, avaient été défaits par la horde des Huns et qu'ils avaient eux aussi été condamnés à l'errance. Cela voulait dire que nos anciennes terres avaient surement été pillées par les Huns, et cela signifiait aussi que les tribus venues de l'Orient serait bientôt ici. Visimar dût renoncer à la proposition de Clodion, mais entre les deux peuples fut décidée une éternelle alliance et amitié.
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Le peuple reprit sa marche vers l'Ouest. Mais là ou il s'attendait à pénétrer dans le royaume des morts, tous furent émerveillé par la beauté des terres qu'il traversait. Après plus de 4 ans d'exil dans les sombres forêts d'Allemagne, les riantes plaines de Gaule redonnèrent l'espoir à un peuple qui n'avait connu que tristesse et désolement depuis son départ de Saxe. Était-ce là la terre promise par Thor et annoncée par Visimar? Beaucoup de nous le croyions. Mais Thor avait promis de faire don au peuple d'une terre d'une terre inhabitée.
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La Gaule était alors régie selon les lois de Rome et les armées de l'Empereur. Que des barbares puissent pénétrer en terre romaine et chrétienne, l'Empereur et le Sénat s'y étaient habitué depuis des générations. Mais qu'un peuple entier y vienne violer l'intégrité des frontières de l'Empire, c'était là un fait nouveau pour Rome. Elle avait elle aussi apprise que quelques tribus de l'Orient s'orientaient vers ses terres, mais jamais elle n'avait pris conscience du danger qu'elles représentaient. Elle en éprouvait aujourd'hui les conséquences. Pour aussi surprenant que cela puisse paraître, il n'entrait pas dans les plans de l'Empereur Valentinien Ier de faire campagne en Gaule. Même si le peuple fautif était dans sa majeur partie composé d'hommes et femmes inaptes à porter les armes, il restait une force militaire non négligeable, et Valentinien avait d'autres besoins pour ses armées. Ne murmurait-on pas à Rome qu'il s'apprêtait à porter la guerre en Orient pour réunifier l'Empire de ses ancêtres? Et ce n'était pas ce peuple de vauriens qui contrarierait ses plans, ni même ces Huns qui s'avançaient vers ses terres ou ces barbares qui s'amoncelaient dangereusement à ses frontières...
Il choisit donc que nulle autre armée ne serait dévolue à la protection de la lime de Germanie autre que celle y étant déjà affectée, et qu'il était du ressort des gouvernants des Gaules Romaines d'en financer de nouvelles si le besoin se faisait sentir. Ainsi les Vandales furent-ils prévenus sans qu'aucune ressource ne fut allouée à leur punition.
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Plutôt que d'affronter un peuple qui n'avait plus rien à perdre et de jouer toute une province en une seule bataille, les propréteurs romains décidèrent de réorienter la migration vandale à leur avantage. Ces barbares ne cherchaient-ils pas après tout une nouvelle terre où bâtir à nouveau ses villages et élever le bétail? N'y avait-il après tout plus de place sur ces terres menacées de toutes parts par d'autres peuples moins pacifiques? Les propréteurs connaissaient toutes les réponses à ces questions. Mais ils savaient aussi que l'ancienne très riche province d'Afrique venait de tomber sous les coups répétés des peuples Berbères. N'était-ce pas là l'occasion de reprendre et de redonner à Rome ce qui lui revenait de droit? Il fut décidé d'accorder au peuple vandale le droit de transiter en ces terres afin de s'installer en Afrique, ce pour quoi elle exigeait un serment de fidélité à Rome et à sa couronne. Visimar s'empressa d'accepter une telle offrande divine et pénétra plus profondément encore en terre romaine.
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Après 7 années de déracinement, le peuple Vandale foulait enfin le sol ibère. C'était là le chemin vers l'Afrique lui répétait les émissaires romains , et c'était là la destinée de tout un peuple se persuadait Visimar. Plus son peuple progressait en direction du sud et moins les fléaux de la maladie, de la faim et de la fatigue se faisait sentir sur son peuple. Il est vrai que celui-ci, après 7 ans d'errance, s'était aguerri et ne redoutait plus les épreuves de la marche. Mais il était aussi vrai que les vandales pénétraient en des terres qui leur paraissaient toujours plus riches et accueillantes. Après tant d'années passées sur les routes il était des enfants qui n'avaient jamais connus la terre natale et des vieillards qui savaient qu'ils ne vivrait assez longtemps pour voir la terre promise. Mais après tant d'années, le peuple s'était ressoudé autour de son chef Visimar. L'Espagne serait bientôt traversée et l'Afrique foulée.
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A l'Est les nuages s'amoncelaient aussi pour l'Empire d'Orient. Alors que la guerre avec l'Occident se profilait, des barbares venues de l'Est mettaient eux aussi à mal l'intégrité du territoire de Constantinople. Après avoir perdue toute la Syrie, Jérusalem avait fait sécession d'un empire incapable de la protéger. On murmurait même que les Huns obliquaient vers le Sud, attirés par les richesses de Constantinople. A peine constitué, l'Empire latin d'Orient paraissait près de s'écrouler.
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Arrivés aux confins de l'Empire d'Occident, les Vandales s'imaginait fouler les riches terres promises d'Afrique. Mais les confins de l'Occident leur paraissait aussi être ceux du monde. Bordant la côte méridionale de l'Espagne, le peuple de Visimar ne voyait que la mer et nulle Afrique. Était-ce là un fleuve encore plus impétueux et imposant que ceux qui avaient jonchés son chemin? Y avait-il jamais eue une Afrique, ou avait-ce été là une manœuvre romaine destinée à les éloigner de Rome et de ses légions?
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Visimar ne connaissait nulle réponse à ces questions. Quand il s'en enquerra auprès des émissaires romains, ceux-ci murmurèrent que l'Afrique était par delà la mer. Les propréteurs ibères, contredisant les promesses romaines, refusèrent pendant une année d'apprêter une flotte pour marcher par delà les océans. 10 ans après l'Exode (373 après Jésus-Christ), après avoir perdu les 2/3 de sa multitude, le peuple vandale n'avait plus d'autres choix que de prendre par la force ce qu'il ne pouvait acquérir par la promesse. 10 ans après l'Exode, la guerre était consumée entre le peuple Vandale et le peuple Romain!
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Sujet: Les Vandales : de l'Exode à la Terre Promise (récit) 
Lun 19 Juil 2010 - 14:55
