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 La croisade des Albigeois

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MessageSujet: La croisade des Albigeois   La croisade des Albigeois Icon_minitimeLun 16 Aoû 2010 - 23:37

Si le terme "croisade des albigeois" s'est imposée naturellement, en réalité, le terme est probablement très peu approprié à la complexité du conflit ayant marqué une partie du sud de la France entre 1208 et 1242. Car, en réalité, ces guerres, théoriquement religieuses, devinrent avant tout politique. Et c'est ce que je vais vous expliquer.

une carte que vous pouvez utiliser pour suivre :
La croisade des Albigeois Occitania_y_Aragon_en_1213

Contexte

Au XIIIe s la distinction entre le nord et le sud de la France reste nette. Certes, le système féodal y est à peu près le même. La symétrie semble parfaite : les Flandres (françaises) au Nord et le Languedoc au sud semblent être les deux coeurs urbains (paris excepté) de la France du sud et celle du nord et sont parmi les régions les plus urbanisées de l'Europe. Pourtant, les différences sont nettes. Tout d'abord, au niveau politique, la royauté a assez bien réussi à fédérer (non sans mal) les seigneurs et barons du nord (même si en réalité, l'effort est toujours en cours en 1208). Je ne compte évidemment pas le nord-est de la France (tout ce qui est à l'est de la champagne) qui appartient alors au SERG.

Au sud, la situation est différente : certes, le comte de Toulouse, principal seigneur, est le vassal officiel du Roi de France. Seulement, il est un seigneur presque aussi puissant que lui, agissant avec indépendance. Le sud, bien qu'ayant un caractère nettement français, semble pourtant très proche des royaumes espagnols. Là où les barons du nord ont systématiquement rallié les croisades vers la terre sainte, les barons du sud ont rapidement décidé de se lancer dans une autre guerre sainte, la reconquista espagnole (alors qu'au cours de la première croisade, il y avait plus de soldats du sud, menés par Raymond de Toulouse, que du nord, menés par Godefroi de Bouillon). A ce titre, le roi d'Aragon Pierre II est intéressé par toute la partie sud-ouest du royaume de France (sauf la guyenne anglaise mais comprenant aussi bien le Languedoc que la Gascogne), sur laquelle le Roi Philippe II n' a aucune autorité réelle. Pourtant ce Roi n'est pas intéressé par cela. Il est encore en train d'asseoir son pouvoir sur des territoires proches de son domaine (songez qu'à l'époque la Bretagne est déjà considérée comme un territoire très lointain). Il laisse son vassal Raymond VI de Toulouse dominer son comté et ses propres vassaux malgré l'influence croissante du roi d'Aragon qui se trouve être le suzerain de la seconde maison la plus importante du languedoc, celle des Trencavels (les Toulouses et les Trencavels sont des maisons catholiques). Les familles des comtes de Foix (qui sont tous catholiques mais très impliqués dans le catharisme puisqu'ils se marient souvent à des cathares), ainsi que de tous les nobles gascons (dont les fiefs ne sont absolument pas touchés par le catharisme, ou alors de façon marginale) dépendant généralement soit du comté de Toulouse soit de l'Aragon.

En fait, ce sont les barons du nord qui sont intéressés par les riches terres du sud et non le Roi. Or ils voient une opportunité inouïe d'atteindre leurs buts : sa Sainteté le Pape, en effet, s'inquiète ouvertement de la progression de l'hérésie dans le sud. En réalité, le phénomène cathare est complexe : il est certes réellement un phénomène de masse (comme on l'a vu, les grands seigneurs restent catholiques, mais un nombre important de leurs sujets sont cathares) mais très localisé : il est très présent dans les Pyrénées-orientales, cad en Languedoc, et dans la région de Toulouse et de Carcassonne. Dans le comté de Foix, il est de moindre importance mais reste un phénomène visible. En Gascogne, il n'est pas présent. Le catharisme est très largement toléré par les seigneurs du Languedoc, si bien que lorsque le pape Innocent III leur demande de mener la lutte contre les hérétiques, leur négligence est flagrante et volontaire. Pierre de Castelnau est alors délégué dans la région pour organiser la lutte. Scandalisé par le peu d'enthousiasme du comte de Toulouse Raymond VI. Le 14 janvier 1208, Castelnau est assassiné par l'écuyer de Raymond qui est alors excommunié. Et le pape ordonne une croisade contre les hérétiques.

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MessageSujet: Re: La croisade des Albigeois   La croisade des Albigeois Icon_minitimeMar 17 Aoû 2010 - 0:08

La croisade des Barons

Eudes III, duc de Bourgogne, annonce son engagement, suivi d'Hervé IV de Donzy, comte de Nevers, et de Gaucher III de Châtillon, comte de Saint-Pol. Ce sont les seigneurs du nord qui s'apprêtent à déferler sur ceux du sud (du languedoc plus précisément, même si par un jeu assez complexe, la Gascogne sera un temps impliquée. La Provence ne compte pas). Raymond de Toulouse, devant l'arrivée de 10 000 hommes n'insiste pas et réjoint même la croisade, tout en manifestant un très faible enthousiasme (son excommunication est donc levée). Raymond Roger Trencavel, vicomte d'Albi, de Carcassonne et de Beziers, tente de faire de même, mais suite à divers malentendus, il prend les armes et organise la défense de ses terres. Mais le 22 juillet 1209, Béziers est saccagé. Les exactions touchent aussi bien cathares que catholiques. C'est ensuite Carcassonne qui est assiégée et doit se rendre, Trencavel étant emprisonné. Son vicomté passe ainsi aux mains de l'Eglise qui veut la confier à un croisé. Raymond VI est intéressé, mais le choix se porte finalement sur un seigneur médiocre (et c'est justement la raison du choix) : Simon de Montfort, réputé fiable et pieux et surtout qui n'est pas assez puissant pour inquiéter le Roi de France.

Tous ces évènements déplaisent au comte de Toulouse (mais il ne se soulève pas encore) et surtout inquiète le roi d'Aragon. L'hérésie étant peu présente chez lui, les croisés ont décidé de ne pas l'attaquer. Néanmoins, il n'ignore pas le fait que ces évènements se déroulent chez des territoires de vassaux : de fait, les croisés font ce qu'ils veulent, et Simon de Monfort lance une campagne dans le Razès, difficile mais qui avance. En 1211, l'excommunication du comte de Toulouse est finalement confirmée, et ses terres sont promises à qui le vaincra. Toulouse est d'abord assiégée, mais c'est un échec.

Inquiet, Raymond se décide finalement à agir, et il rend hommage à Pierre d'Aragon. Et comme l'Eglise, hésitante, prononce en 1213 la fin de la guerre contre l'hérésie, les deux seigneurs se lancent à l'assaut de Muret, mais il sont vaincus par Simon de Montfort et pierre est tué. Notons que vers 1211, des seigneurs gascons se joignent aux occitans, par le jeu des alliances et non pour des raisons religieuses : le vicomte de Bearn Gaston VI est alors le vassal de l'Aragon. Lorsque l'Aragon entre en guerre contre les croisés, il décide donc de suivre son suzerain, et participe à l'opération ayant fait lever le siège de Toulouse. Il est excommunié, mais le pape lève très rapidement l'excommunication après la bataille de muret (à laquelle Gaston ne participe pas, le Roi d'Aragon, trop confiant, n'ayant pas engagé tous ses vassaux). Son frère lui succède. Il a lui aussi été excommunié pour des raisons très différentes (il a été suspecté d'avoir organisé la mort d'un évêque avec qui il ne s'entendait pas) et depuis cherche par tous les moyens à réintégrer le giron de l'Eglise catholique (il partira en terre sainte notamment). Il ne participe donc pas à la suite des évènements. Ainsi, la Gascogne en général est restée complétement à l'écart de ces évènements (à l'exception donc des béarnais mais pour un très court laps de temps) et donc on ne peut voir la croisade des Albigeois comme une guerre entre le nord et le sud, même si il est vrai qu'elle a opposé certains seigneurs du sud à certains seigneurs du nord.

Suite à la victoire de Muret, le comte de Toulouse doit s'enfuir et s'allier avec le Roi d'Angleterre, Jean sans terre. Mais les défaites de celui-ci contre les Français balaient définitivement cet espoir. Néanmoins, une révolte reprend, menée par Raymond VII nouveau comte de toulouse, nommé à la place de son père. Simon de Montfort est tué en 1218. Le Pape prêche une nouvelle croisade.

Mais le fait nouveau est l'intervention du Roi de France dans celle-ci puisqu'il y envoie son fils. En réalité, Philippe Auguste n'est pas intéressé par les questions religieuses (devenues par ailleurs secondaires) mais davantage par l'idée d'imposer son pouvoir dans le sud de la France; à une époque où l'Aragon perd du terrain. Malgré cela, en 1223, la plupart des territoires ont été repris par les languedociens. Toutefois Raymond de Toulouse est prêt à se déclarer directement vassal du Roi de France si cela lui permet de garder le terrain conquis.


Le Roi en guerre

Mais en 1223, le Roi meurt, et son successeur Louis VIII décide d'intervenir plus directement. En 6 ans, il accomplit des progrès stupéfiants mais ne peut prendre Toulouse. Néanmoins, de nombreux chevaliers "faydits" (qui ont combattu la croisade) se soumettent. Au final, en 1229, un accord est trouvé : Raymond de Toulouse fait pénitence et accepte de lutter contre l'hérésie dans son fief. En échange, il garde le comté de Toulouse mais doit marier sa fille unique au frère du Roi Alphonse de Poitiers, ce qui permettra de placer la région dans l'orbite du Roi à sa mort.

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MessageSujet: Re: La croisade des Albigeois   La croisade des Albigeois Icon_minitimeVen 27 Aoû 2010 - 22:48

Développement ultérieur

Au final, si les barons du nord s'installent parfois dans le sud, les seigneurs méridionaux conservent malgré tout la plupart de leurs terres sans trop de heurt. Seulement, le Roi de France est bien le grand gagnant de l'affaire : cette petite guerre lui a garanti l'extension progressive de l'administration royale dans le sud de la France. Le comté de Toulouse, bien qu'affaibli, préserve pour le moment son autonomie.

Mais en 1240, des languedociens, excédés, se soulèvent, ce qui provoque la colère du Roi d'autant que le comte de Toulouse laisse faire. Pire, il intercède en faveur du rebelle Raymond de Trencavel (et obtient son pardon). Ce double jeu agace le Roi de France qui décide donc de lui obliger à faire acte de soumission. En signe de bonne volonté, Raymond de Toulouse assiège Montségur, mais sans la faire tomber. Mais, il s'apprête à faire bien pire contre la couronne. En effet, il tente de s'immiscer dans le jeu complexe des successions de la royauté française. En effet, une partie de la noblesse poitevine supporte mal la mise de leur province dans l'orbite du Roi de France et ont pour champion leur allié le Roi d'Angleterre.

Le comte de Toulouse ne semble pas impliqué. Et pourtant, il apporte son soutien aux Plantagenets entrainant quelques alliés languedociens, dont le comte de Foix dans son sillage. Manoeuvre qui se révèle bien imprudente. En effet, en 1242, Louis IX écrase les anglais et des nobles poitevins à Taillebourg. Finalement, après plusieurs péripéties, les seigneurs de Toulouse doivent se soumettre, et le comté perd son indépendance de fait. Ainsi, en quelques décennies, les Rois de France parviennent à placer dans leur orbite le sud de leur pays, qui était disputé entre eux et les Aragonais. Le sud-Est de la France n'est toutefois pas encore annexé, ni le Sud-ouest, qui reste dans sa partie orientale indépendant (avec toutefois des liens de vassalité soit avec le Roi d'Angleterre soit avec celui de France) et qui est au main du Duc de Guyenne (le Roi d'Angleterre) dans sa partie occidentale.

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