Champs de Bataille:La Bataille de mont Cassin A l'aube de 1944, les Alliés sont toujours bloqués dans le Sud de la botte italienne, au cœur d'un théâtre d'opérations montagneux, des plus difficiles qui soient. Or, pour s'ouvrir la route de Rome, il leur faut coute que coute percer la difficile ligne Gustav qui, de la Méditerranée à l'Adriatique, verrouilles la péninsule au nord de Naples et sur laquelle il se cassent les dents depuis des mois . Le dernier plan du général Alexander, commandant du XVe groupe d'armées, prévoit une attaque frontale de la ligne Gustav, combinée à un débarquement dans la baie d'Anzio (opération Shingle). Cette manœuvre permettrait de prendre, l'ennemi à revers et de hâter la prise du mont Cassin et de son monastère, clé de voûte de la défense allemande et verrou particulièrement dur à faire sauter, en raison de sa position stratégique. Ensuite, il ne leur resterait qu'à atteindre la capitale, à quarante kilomètre au nord d'Anzio, ce qui devrait être un jeu d'enfant...
L'enfer de Cassino Depuis le début du mois de janvier (
4 janvier), le papillonnage incessant des voies de communications allemandes par 3000 bombardiers alliés annonçait l'imminence d'une attaque. Elle est déclenchée dans la nuit du 17 au 18. Dans la mêlée se lancent le corps expéditionnaire français du général Juin, le 2e corps américain aux ordres de général Keyes et le 10 e corps britannique commandé par le général Mc Creery. Personnes n'imagine alors que la bataille, qui va se dérouler sur trois fronts -vallée du Rapido à l'est, Cassino au centre et la vallée du Garigliano à l'ouest- n'est que la première, et que la conquête du mont Cassin va se transformer en un terrible chemin de croix. Les combattants s'y reprendront en quatre fois pour s'emparer de leur Golgotha.
Les troupes allemandes aux ordres du feld-maréchal Kesselring refoulent ce premier assaut le 4 Février. Entre temps, à 120 kilomètre au nord-ouest de la ligne Gustav, le 6e corps américain du général Lucas a débarqué sans trop de difficultés à Anzio pour y établir, comme prévu, une solide tête de pont.
Vaincre ou mourir Malheureusement Lucas manquant d'audace, ne lance pas immédiatement ses troupes vers l'intérieur. Au bout d'une semaine, les routes reliant Rome à Cassino ne sont toujours pas coupées et la XIVe armée allemande de von Mackensen s'y engouffre pour tenter de rejeter les Alliés à la mer. Confronté à de violents assauts, le 6e corps s'accroche désespérément au terrain. Le 20 Février, Kesselring suspend brusquement l'offensive... juste au moment où les Américains s'apprêtent à vider les lieux.
Du côté de Cassino, par contre, le mauvais sort s'acharne suer les Alliés. A l'aube de 15 février, les troupes indiennes et néo-zélandaises du général Freyberg, prêtes pour un nouvel assaut, attendant que les bombardiers aient fait le travail préparatoire: autrement dit qu'ils aient rasé le monastère!
Le haut commandement allié a pris cette décision, supposant qu'il était infesté d'allemands. Or kesselring avait interdit l'accès à ses troupes. Les attaquants le sauront trop tard. En ce sombre mardi, 420 tonnes de bombes détruisent la magnifique abbaye bénédictines... Erreur fatale! Immédiatement, la 1ere division de parachutistes allemands investit les décombres et les truffe de batteries. Dès lors, l'échec est garanti.
Le troisième "round" a lieu en mars. Mais malgré une préparation plus élaborée et l'appui massif de l'artillerie lourde, elle n'aboutit pas plus que les autres. En fait, en transforment le monastère en ruines, les Alliés avaient offert à l'ennemi une position littéralement inexpugnable. Le mont Cassin est le noyau dur de la ligne Gustav, mais aussi le symbole de la défense allemande: quel que soit le prix a payer, il faut forcer Dieu à y reconnaître les siens...
L'assaut final
A l'approche du printemps, la campagne d'Italie s'enlise. Du moins sur le front du Cassino. Car, sur les plages d'Anzio, ce sont par bonheur les blindés de la Wehrmacht qui s'enfoncent dans la boue et le sable. Le dégel et les intempéries sont les alliés providentiels des Anglo-saxons. Après une dernière attaque le Kesselring abandonne la partie. Plus tard Hitler, jugeant le débarquement en France imminent, fait transférer 5 divisions sur le front de l'Atlantique. La dispersion des armées nazies permet à présent aux Alliés de se concentrer à fond sur Cassino. Six semaine d'intenses bombardements, visant à couper l'ennemi de ses arrières, préludent à l'offensive décisive. Elle est déclenchée le 11 mai.
A 23 heures 45 précises, les Britanniques attaquent sur le Rapido et les Américains dans le secteur côtier. Les Polonais se ruent sur le mont Cassin, tandis que les troupes nord-africaines de Juin, jouant la carte maîtresse de la bataille, remontent par le sud vers la vallée du Liri. Rapidement Juin vient à bout de l'aile droite de la Xe armée et ouvre ainsi la voie aux blindés. Depuis longtemps il préconisait cette stratégie, sans être écouté. Or il avait raison: le 18 mai, les parachutistes allemands évacuent le monastère immédiatement investi par les Polonais du général Anders. L'ennemi bat en retraite sur tous les fronts.
Les valeureux combattants d'Anzio et de Cassino se rejoignent sur la via Latina pour une marche triomphante vers la ville éternelle, où ils entrent le 4Juin. D'autres combats attendent les Alliés sur le sol d'Italie, mais dans deux jours, l'heure du "D Day" aura sonné...