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 L'ascension et la chute de Pompée

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MessageSujet: L'ascension et la chute de Pompée   L'ascension et la chute de Pompée Icon_minitimeSam 8 Jan 2011 - 20:13

Puisqu'il semble appartenir parfois à certains personnages précis de jouer le destin du monde sur un coup de dé, je me propose de faire deux articles, l'un sur Pompée, l'autre sur César. Allons-y donc.


Pompée


L'ascension et la chute de Pompée 34946

Pompée le Grand ne saurait laisser de marbre un amateur de la Rome antique, bien qu'il soit paradoxalement beaucoup moins connu qu'un César : l'un est toujours l'objet d'innombrables biographies, l'autre doit se contenter de celles d'auteurs antiques tels que Plutarque. Curieux destin pour celui qui portait le même qualificatif qu'Alexandre "magnus", le grand et qui devint une référence dans ce genre : encore lorsque Charlemagne reçoit le qualificatif de Magnus, c'est pour ses contemporains une façon d'affirmer la continuité avec Alexandre et Pompée. Il faut dire que ses campagnes nous sont moins connues que celles de César, car il n'a pas pris la peine de les commenter minutieusement.


L'émergence d'un géant

De façon évidente, Alexandre était une référence pour tous les anciens, et son souvenir hantera César aussi. Mais si le parallèle a très tôt été fait avec Pompée, c'est notamment à cause d'un élément essentiel : la jeunesse et son corollaire, la précocité. En effet, né en - 106 d'un père partisan de Sylla réputé pour sa brutalité, Pompée sert déjà sous ses ordres à 17 ans, en - 89. En - 87, à la mort de son père, le jeune Cnaeus Pompée hérite de ses hommes et sa clientèle dans la région du Picenum, ce qui lui permet de lever trois autres légions pour soutenir sylla. Ce dernier, impressionné par l'énergie déployé par son jeune poulain en Italie, lui offre sa belle-fille en mariage, et surtout il facilite sa promotion.

En - 82, alors qu'il n'a que 24 ans, Pompée débarque en Sicile, écrase les marianistes et reprend cette île cruciale. Le jeune général se montre sans pitié, exécutant Carbo et ses principaux officiers. En - 81, il débarque en Afrique où il poursuit là aussi des marianistes menés par Cnaeus Ahenobarbus. Ce dernier essaie de négocier une alliance avec le roi africain Hiarbas. Mal lui en prend : son jeune ennemi remporte une victoire près d'Utique et Ahenobarbus lui-même meurt dans des circonstances peu claires (mort dans le feu de l'action ? Exécuté par Pompée ? ). Les hommes de Pompée, impressionnés par ses victoires le proclament "Imperator" sur le champ de bataille, et Sylla le nomme déjà "Magnus". Mais, le jeune général n'entend pas se contenter d'être dans l'ombre de son maître : il affiche déjà des caractéristiques qui seront plus tard considérées comme ses grandes qualités ou ses vices les plus graves. Très fier, il prend une relative indépendance par rapport à Sylla. Méprisant les conventions de la cité, il demande le triomphe, qui n'a jamais été accordé à un jeune homme émergent comme lui. Lorsque Sylla semble irrité, Pompée se présente à lui avec ses troupes : le maître doit s'incliner devant l'élève et lui laisser célébrer son premier triomphe, derrière lui et le vieux (mais brillant) Metellus Pius toutefois.

En - 78, contre les voeux de Sylla, Pompée soutient Lepidus. Ce dernier cependant se révolte ce qui met à nouveau à contribution le jeune imperator. Le sénat lui demande en effet de mettre fin à cette agitation. Il se met alors en branle vers le Gaule Cisalpine, prend Mutina (modène) après un court siège, poursuit Lépide jusqu'en Ligurie où il le bat près de Cosa (Lépide étant pris en tenaille entre Pompée et une autre armée), le poussant à s'enfuir. Cette révolte, au final peu préparée, a été rapidement écrasée elle aussi. Néanmoins, la situation demeure confuse : les marianistes ne s'avouent pas vaincu. En particulier, un homme exceptionnel, Quintus Sertorius parcourt l'Afrique et rallie l'Hispanie où il organise sa propre résistance, en s'appuyant sur une force composée de locaux (des lusitaniens, des ibères et des celtibères) qu'il séduit par son charisme et encadre avec des officiers romains. L'énergique sertorius organise un véritable Etat en Hispanie, qui semble menacer Rome.

L'ascension et la chute de Pompée Sertorius

Sertorius

La guerre contre Sertorius

Metellus Pius, réputé le meilleur général de Sylla doit se charger d'abattre ce gêneur, mais il piétine dans la péninsule ibérique. Aussi, en - 77, Pompée obtient le poste qu'il briguait, celui de proconsul pour un imperium indéfini en Hispanie, ce qui lui confère déjà des pouvoirs extrêmement étendus. En - 76, après avoir pacifié la Gaule narbonnaise, Pompée entre en Hispanie où il prend rapidement Iacetani et Ilergètes, mais échoue devant Lauro. Lui aussi finit par trop s'éloigner de ses bases, ce qui permet aux forces de Sertorius de le harceler et le pousser finalement au repli avec de lourdes pertes. Pompée décide alors de coordonner son action avec Metellus, ce qui va donner à partir de -75 des affrontements épiques. Sur le Sucro d'abord, Pompée n'attend pas Metellus pour directement affronter Sertorius. Mal lui en prend : le général marianiste constatant l'avancée de l'aile commandée par Pompée, se porte directement en face de lui : sa contre-attaque est si foudroyante que Pompée est sérieusement blessé et doit quitter le champ de bataille. L'aile que commandait directement Pompée est enfoncée, mais sur l'autre aile, les Pompéiens dominent. Surtout, Metellus et son armée se présente à ce moment-là ce qui pousse Sertorius à se replier, la rage au coeur. "Si la vieille dame ne s'était pas présentée, j'aurais donné une leçon au jeune insolent" aurait-il dit. Une autre confrontation a lieu à Sagonte, et cette fois, Pompée et Metellus attaquent de concert. La bataille est indécise, le second de Pompée est tué et Metellus est blessé, les pertes sont très lourdes dans les deux camps, mais finalement Sertorius doit se replier. La joie est de courte durée toutefois car il parvient à partir en bon ordre et ses manoeuvres mettent une fois de plus ses deux ennemis en difficulté.

Alors qu'il prend ses quartiers d'hiver, Pompée exige des renforts de Rome, menaçant de rentrer seul en Italie sinon, sentant la victoire lui échapper. Cela dit, au même moment, Sertorius commence à perdre le contrôle de la situation, ce qui le pousse à faire des alliances hasardeuses et, vue la distance, peu profitables avec des pirates et le Roi du Pont mithridate. Perdant de son soutien, le général marianiste a de plus en plus recours à la cruauté, et ses hommes commencent à déserter. En - 72, Marcus Perpenna, un de ses officiers, le tue et prend la tête de l'armée. Manquant de l'habileté de son prédécesseur, Perpenna marche pourtant directement sur Pompée. Celui-ci lui tend habilement une embuscade et parvient à le capturer avec toute son armée : le chef marianiste est exécuté, même si son adversaire se montre plutôt clément à l'égard des soldats. Pompée décide de rester en Espagne (ce que lui autorise son imperium indéfini), laissant Metellus allait célébrer un triomphe à Rome, ce qui lui donne le temps d'organiser la colonisation définitive de l'Espagne et se montre un administrateur compétent : il rétablit les libertés d'Osca, fonde la ville de Pompaelo (Pampelune), déplace certaines populations etc. En - 71, un monument est élevé à sa gloire, où il se vante d'avoir conquis 673 villes ou places fortes dans toute la péninsule ibérique.

Il rentre ensuite en Italie pour célébrer son propre triomphe, à temps pour pourchasser les derniers fuyards de Spartacus, vaincu par Crassus. Les évènements qui suivirent vont beaucoup marqué ce dernier : alors qu'il n'a droit qu'à l'Ovation, Pompée peut célébrer son deuxième triomphe (essentiellement pour ses victoires en Hispanie) et obtient quelques droits exceptionnels comme d'accorder lui-même la citoyenneté romaine à ses combattants non-romains. Ainsi, la guerre sertorienne met durablement Pompée en conflit avec la frange conservatrice de l'élite sénatoriale qui n'apprécie que peu cet imperator encore jeune ( il a 35 ans lorsqu'il rentre en Italie), très populaire, et qui n'hésite pas à violer ouvertement les règles.

Intermède politique

Cela ne fait en effet que commencer. En - 70, Pompée est élu consul avec Crassus. Alors qu'il n'a jamais suivi le cursus honorum ! A ce moment, Pompée est vu comme un des populares. Cela mérite quelques précisions. En effet, la notion de partis politiques organisés est inopérante à Rome. Lorsqu'on parle d'"optimates", il s'agit avant tout d'une ligne idéologique fondée sur la défense des valeurs traditionnelles de la société antique d'ordres, ce qui favorise naturellement l'aristocratie. Les "populares" sont, eux, les tenants d'une méthode qui consiste à s'appuyer avant tout sur le peuple pour acquérir le pouvoir. Ainsi, un homme - Pompée ou Crassus en sont des exemples - peut passer très rapidement d'un "camp" (qui n'en est donc pas à proprement parler un) à l'autre.

Pompée et Crassus reçoivent l'appui d'un jeune loup de la politique, qui suit alors scrupuleusement le cursus honorum : Caius Julius César. Là encore, le terme de "triumvirat" ne doit pas être compris dans un faux sens : il s'agit d'une alliance et non d'un trio officiellement au pouvoir. Officiellement, il y a toujours deux consuls, Crassus et Pompée. César n'est qu'un allié, mais son génie politique lui permet déjà d'être incontournable. Ces trois personnages veulent liquider une partie de l'héritage syllanien : ils rétablissent ainsi la fonction de tribun de la plèbe dans son antique dignité.

Mais Pompée n'est pas rassasié : il veut encore plus de gloire militaire, une campagne qui en ferait l'égal d'Alexandre.


La guerre en Orient

Ce sera sa campagne la plus glorieuse, mais pas la plus difficile. En effet, en - 67, Pompée, par la lex Gabinia (il a de nouveau intrigué) obtient un commandement exceptionnel dans toutes les provinces méditerranéennes afin de lutter contre les pirates en Méditerranée qui menaçaient l'approvisionnement de Rome en Blé. On lui accorde 500 navires de guerre, 120 000 fantassins et 5000 cavaliers. Le jour même où la loi fut passée, le prix du blé baisse. Peu importe si cette nouvelle loi passe grâce aux manoeuvres de Pompée dont la clientèle use de moyens illégaux pour contourner l'accord d'un tribun de la plèbe : Gabinius a utilisé la même procédure que les Gracques pour faire passer la loi malgré le véto du tribun, procédure illégale qui avait alors provoqué la colère du Sénat. Mais personne n'ose plus affronter Pompée qui dispose d'un pouvoir quasi-monarchique à rome.

Disposant de trois ans pour remplir sa mission, Pompée la mène à bien en trois mois. Mis sous pression, les pirates refluent, et en Cilicie Pompée les impressionne en écrasant les plus irréductibles. Néanmoins, l'imperator ne cherche en fait pas à éradiquer son ennemi : il passe avec lui un accord pour obtenir une sorte de Trêve. Les attaques des pirates, toutefois, cessent pour un temps.

C'est que Pompée a de plus grands desseins encore. En effet, il veut être celui qui vaincra Mithridate une fois pour toute. La lex Manilia lui en donne l'occasion. Le brillant général est d'ailleurs soutenu par Cicéron et une nouvelle fois, César. LE plus dur est la rencontre en Lucullus, qui commandait, et Pompée qui le doit le rempmacer. Lucullus avait accumulé les victoires jusqu'au moment où ses soldats se sont mutinés. Pompée ne manque pas de railler le goût du faste de son prédécesseur, qui en retour le traite de vautour se nourrissant du travail des autres. Mais il doit céder et Pompée se met une nouvelle fois en branle, à la tête d'une immense armée de 60 000 hommes. Il la portera sans doute plus loin que n'importe quel général romain jusqu'alors. Les mutineries dans l'armée de Lucullus avaient sauvé Mithridate, il ne résiste pas à Pompée. Ce dernier, en - 66, sûr de son avantage numérique, passe par la Bythinie et la Galatie et coupe la retraite de Mithridate entre Nicopolis et l'Euphrate : la victoire qu'il remporte à cet endroit est éclatante, et le Pont cesse d'être une menace. L'imperator signe un traité avec Tigranes, où ce dernier perd des territoires et admet la suprématie romaine, et se lance quasiment jusque la Caspienne où il affronte des Ibères (qui ne sont pas les Ibères d'Espagne bien sur). Puis, Pompée marche vers le sud, prend possession du Pont, envahit la Syrie où il renverse le dernier souverain Seleucide Antiochus XIII (- 64). Encore au sud, il prend part à une guerre civile en Judée qu'il prétend arbitrer, assiège Jerusalem (-63) qu'il prend, et il en profite pour visiter le temple juif (il n'a pas le droit d'y entrer et ainsi, bien qu'il se soit très bien comporté dans le temple, les juifs lui voueront une haine tenace). Enfin, il envoie son lieutenant Gabinius rétablir le pouvoir de Ptolémée sur le trône d'Egypte. Dans le même temps, de nombreux rois d'Orient acceptent de se soumettre à lui, de payer un tribut où même de perdre une partie de leurs territoires. Pour de nombreux orientaux, il a atteint un statut quasi divin.


Retour à Rome

A Rome, il obtient le droit de célébrer son troisième et dernier triomphe en - 61. Sa gloire éclipse celle de Marius, sa popularité est à son comble, mais dans le même temps, l'imperator victorieux - à 45 ans, il est encore dans la force de l'âge - paraît bien dangereux, d'autant que son alliance avec l'ambitieux César reste une donnée majeure de la politique à Rome. Pour Plutarque, ce triomphe, le plus fastueux jamais vu jusqu'alors, signifie que Pompée est devenu l'égal d'Alexandre : le maître du monde entier. Mais, il prend alors plusieurs décision qui s'avèreront cruciales par la suite : tout d'abord, il dissout ses armées (ce qui est de règle, mais Pompée ignorait souvent ce genre de contraintes). Pompée gagne ainsi une clientèle qui lui est fidèle mais c'est autant de soldats expérimentés perdus. De plus, si son triomphe est l'occasion d'honorer le peuple de Rome en lui donnant des sommes d'argent importantes et en lui offrant un nouveau théâtre, le général n'ignore pas que le Sénat lui est hostile. Plutôt que d'accomplir une rupture décisive avec celui-ci en passant entièrement dans le camp des populares comme le fera plus tard César, il préfère ménager les deux camps, ce qui va l'amener progressivement, au cours de la décennie - 50, à se rapprocher des Optimates.

Ce mouvement intervient au moment où, satisfait de sa gloire, Pompée ne combat plus : durant douze années, il ne livrera aucune campagne (après près de 30 ans de guerres continuelles), se perdant dans les intrigues politiques qui lui sont peu familières, lui le chef de guerre. Au même moment, César se lance dans ses campagnes en Gaule, en Germanie et en Bretagne. Ses victoires réjouissent d'autant plus le peuple que le général "émergent" est très prodigue, et il a toujours semblé soutenir la cause du peuple. En outre, si Pompée est surtout un soldat, César s'est fait une réputation d''avocat" (le terme est anachronique) et d'orateur brillant, et se construit à présent sa réputation d'homme de guerre. Depuis le mariage avec Julie, la fille de César, Pompée semble moins maître de la situation : réellement amoureux de sa femme (ce qui est très rare à Rome), il se consacre de plus en plus à elle, et multiplie les erreurs politiques comme le rappel d'exil de Cicéron. Le comportement de cet homme fort, ce "quasi-roi" déconcerte. Néanmoins, l'année - 55 semble lui être favorable : dans une atmosphère tendue, il est à nouveau consul avec Crassus et il peut enfin achever la construction de son théâtre. En outre, Crassus et Pompée sont assurés d'avoir des proconsulats pour l'année suivante, respectivement en Syrie et en Hispanie. Seulement, c'est avant tout un succès pour César, qui a pris l'initiative de ce renouvellement de "triumvirat" : là encore, les deux ainés récupèrent le consulat et en échange prolongent la mission du plus jeune en Gaule pour cinq ans. L'heure est encore à la concorde avec Pompée qui envoie plusieurs légions en Gaule en renfort.

L'année - 54 vient remettre tout cela en cause : d'abord, Julie la femme de Pompée et fille de César meurt en couche. En - 53, Crassus est écrasé par les Parthes à Carrhes, où il meurt. Pompée se retrouve seul face à César qui accumule les succès en Gaule. En - 52, il refuse une nouvelle alliance avec son ancien allié et préfère se marier avec Cornelia de la gens Metella, une des plus conservatrices. C'est le moment de la rupture. Des affrontements éclatent à Rome entre bandes rivales, ce qui laisse présager un retour au désordre. Pompée rétablit pourtant l'ordre, mais avec une certaine brutalité, et ses soldats quadrillent désormais le forum, ce qui a pour effet de troubler les sénateurs et notamment Cicéron. Le souvenir de Sylla plane sur la ville et la dictature est refusée à Pompée, qui se voit tout de même accorder un rôle de consul unique, ce qui lui donne de fait un grand pouvoir.

La guerre contre César

Le Pompée de - 52 est très différent de celui du dernier triomphe de - 61. A 54 ans, il apparaît comme vieilli et il a perdu l'habitude du combat. Il n'en est que plus jaloux de son autorité et de son pouvoir, et la popularité grandissante de César semble lui faire peur. Il rejète ainsi la demande de ce dernier de pouvoir être consul avec lui, afin de combler le vide que suppose le consulat unique, et prend même des dispositions menaçantes pour César, notamment en décrétant la rétroactivité, qui pourrait permettre de punir César une fois son immunité de proconsul levée. Les exigences du consul sont de plus en plus élevées : César doit dissoudre ses armées, sinon il ne pourra pas lui-même se présenter pour le consulat. César juge cela inacceptable. Il propose plutôt un désarmement mutuel : Pompée et César dissoudrait tous les deux leurs armées, ce que Pompée refuse, le prenant comme un affront.

En - 49, la crise se poursuit. Curion et Marc Antoine, partisans de César, sont tribuns de la plèbe, et le sénat, pour les contourner, doivent utiliser leur arme "fatale" : le senatus-consulte ultime, qui ne peut faire l'objet d'aucun véto. Cette mesure d'exception, mise au point après la crise des Gracques, n'a jamais été apprécié par César, qui au surplus la trouve totalement déplacée dans le contexte politique d'alors. Le 12 janvier, il décide de franchir le Rubicon avec une seule légion, la XIIIe. Pompée, qui est devenu prudent et timoré, n'ose pas affronter César avec ses trois légions, il est vrai composée de vétérans de César (donc peu sûr) et de troupes inexpérimentées. Il décide donc d'abandonner Rome et de marcher vers le Sud. Cette stratégie a été controversée : en réalité, elle ne manque pas d'intelligence et aurait pu réussir, sans quelques coups du sort. Il s'agit de porter la guerre en orient, où se trouve une grosse partie de la clientèle de Pompée, tandis que l'autre partie, située en Hispanie ou en Afrique, reprendrait l'Italie. Seulement, le manque de coordination, les défauts de communications, et l'hétérogénéité de la coalition pompéienne (qui regroupe les pompéiens à proprement parler, et les républicains, deux camps qui se méprisent) empêchent un mouvement aussi ambitieux, d'autant que César agit avec une célérité inouïe et peut mesurer sa popularité en Italie, d'autant qu'il fait preuve de clémence. Rapidement, Pompée se retrouve coincé à Brundisium, mais il va prendre par surprise César pour une fois : en mobilisant sa flotte et en renforçant ses navires, il parvient habilement à rompre le blocus césarien et à prendre position dans les Balkans, où il remporte une petite victoire sur un lieutenant de César peu doté en hommes.

Pendant ce temps son ennemi s'attache patiemment à reprendre l'occident : il envoie Curion en Afrique...qui y subit un désastre lui coutant la vie, tandis que lui-même parvient à reprendre l'Hispanie où se trouvent les 7 meilleures légions de Pompée, commandées par des officiers médiocres. César reprend ensuite Marseille et peut s'embarquer pour les Balkans.

La campagne finale

Celle-ci commence plutôt bien pour Pompée. César l'assiège dans Dyrrachium mais c'est lui qui est le mieux approvisionné en nourriture grâce à sa maîtrise de la mer. Surtout, Pompée a 45 000 hommes contre les 15 000 assiégeants. Il va en profiter pour infliger à son ennemi une cuisante défaite. En effet, si l'aile gauche de César prend l'avantage et parvient à s'infiltrer dans le dispositif de son ennemir, Pompée dirige lui-même une offensive contre l'aile droite des césariens qui la fait reculer. Il se trouve à un moment sur le point de prendre le camp ennemi, mais décide de stopper l'offensive. César a par la suite souligné cette énorme erreur de son adversaire, affirmant qu'il aurait perdu ce jour-là sans elle. Pour l'heure, il doit se replier : il a été mis en échec et sa situation est désespérée. Seulement, avec calme, César monte une stratégie habile : en se dirigeant vers la Thessalie, il force Pompée à avancer le long de la côte, exposant ainsi ses flancs, où à s'aventurer dans l'intérieur des terres, se coupant ainsi de son ravitaillement. En face, Pompée semble tenté d'abandonner la poursuite et de rentrer en Italie reprendre le pouvoir, mais on le persuade (notamment les sénateurs républicains comme Caton) d'écraser César d'abord.

Tout se passe d'ailleurs pour le mieux pour les Pompéiens. Se montrant une nouvelle fois supérieur stratégiquement, Pompée arrive à faire sa jonction avec l'armée de Metellus Scipion, ce qu'aurait aimé éviter son adversaire. Au final, une fois arrivé à Pharsale, il a entre 50 000 en 75 000 hommes (nous ne sommes pas sûrs) tandis que César en aurait entre 28 000 et 32 000. L'avantage numérique est clairement en faveur des pompéiens, mais leurs troupes sont peu homogènes et souvent inexpérimentées tandis que César dispose de ses vétérans de Gaule.

Le choc a lieu le 9 Aout : César sent déjà que son adversaire essaiera de le prendre à revers, il place sa Xe légion, la meilleure, en arrière du dispositif afin de repousser tout assaut de ce type. Il encourage ses hommes à frapper au visage les cavaliers de Pompée, des mercenaires bellâtres trop fiers de leur beauté pour admettre de la perdre. Pompée tombe dans le piège : il lance sa cavalerie pour contourner les flancs ennemis, mais elle est rapidement repoussée par le Xe légion, d'autant que curieusement, le général n'a pas fait charger son infanterie en soutien, espérant sans doute recevoir la charge de Césariens fatigués. Au final, l'aile droite de César, encouragée par son succès et emportée par son élan charge l'aile gauche de Pompée. La cavalerie césarienne la prend facilement de flanc à présent que celle d'en face a été battue : l'aile gauche de Pompée est écrasée et les césariens encerclent le dispositif ennemi. Pour parachever l'oeuvre, César ordonne à sa troisième ligne de relever sa première afin d'injecter du sang neuf. LA victoire est totale : César a perdu 200 hommes, son ennemi probablement 15 000, et son camp a été pris. Pompée n'a plus d'autre choix que de fuir plus loin vers l'est.

La mort

Après cette terrible défaite, Pompée essaie encore de rallier ses anciens clients en orient : peine perdue. Au courant de la victoire éclatante de César, ils refusent de se joindre au vaincu. Toutes ces pérégrinations l'amènent en Egypte, où un certain Septimus l'assassine de façon atroce : les Egyptiens, bien que devant à Pompée leur pouvoir (il a rétabli les Ptolémée sur le trône dans les années - 60) ne veulent pas s'aliéner César. A la découverte de la tête de son ennemi, celui-ci pleura longuement dit-on, et cela ne l'empêcha pas de combattre ensuite les Egyptiens.

La tête de Pompée présentée à César :

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MessageSujet: Re: L'ascension et la chute de Pompée   L'ascension et la chute de Pompée Icon_minitimeJeu 13 Jan 2011 - 18:00

Ben j'ai lu ce pavé.
Alors, il est vrai qu'on trouve peu d'articles à son sujet, mais pourrais tu être plus neutre? En effet, en te lisant, on a l'impression que Pompée est la grande puissance incarnée, un être suprême. C'est en parti véridique. Seulement, le ton est mal donné. Essaye d'etre le plus neutre, et d'avoir des tournures de phrases qui vont dans ce sens. Globalement c'est bien formulé. Mais il y a des maladresses à certains endroits. Ces maladresses de tournures ne sont pas relatives à ton français, car je sais que tu fais parti de ceux qui s'expriment le mieux, mais plutôt relatives à ton exposé.

En bref, essaye d'être plus directe ce qui donnera un ton neutre, et d'avantage de crédit à ton travail.

Ensuite une erreur, Cesar n'est jamais parti en guerre contre la Germanie. Il a repoussé les germains d'Arioviste au delà du Rhin. Cesar connaissait les dangers que ca représenterait pour lui et ses troupes s'ils venaient à débarquer en Germanie.
Les germains ont envahis la gaule et on conquis les heduens à la demande des arvernes et de leur allié sequanne en échange de richesses. Ce pourquoi près de 120 000 germains (un peu exagérés) ont passé le Rhin pour semer la zizanie en Gaule.

Globalement ton article est de bonne facture. Je sais que j'ai pas mal critiqué, mais j'ai lu du début à la fin. Pourrais tu nous mettre les sources, car s'il n'ya as grand chose au sujet de Pompée, tu as forcément du lire des articles/livres à son sujet, dans ce cas prière de nous les mettre a dispositions.

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MessageSujet: Re: L'ascension et la chute de Pompée   L'ascension et la chute de Pompée Icon_minitimeVen 14 Jan 2011 - 9:08

Si, César a mené des incursions au-delà du Rhin, bien que limitée. Il décrit même précisément la construction de son pont sur le fleuve.

Pour Pompée, il faut beaucoup se reposer sur les oeuvres anciennes, notamment celles de Plutarque :
- vie de Sertorius
- vie de Pompée

D'une manière générale, on peut aussi trouver beaucoup d'informations dans les livres généralistes sur l'empire romain, ou encore dans les biographies de César qui sont nombreuses et donnent souvent pas mal d'infos sur Pompée car la carrière de César a été largement été influencée par lui.

Par ailleurs, je n'ai pas le sentiment d'avoir manqué de neutralité. Lorsqu'une manoeuvre est habile, je le dis, de même lorsqu'elle est maladroite. J'ai, il me semble, souligné les difficultés de Pompée en Espagne, sa défaite totale à Pharsale, tout comme le fait que ses victoires à l'est, bien qu'impressionnantes, étaient certainement plus faciles qu'elles ne le paraissaient à l'époque. Néanmoins, si tu parles de son rôle politique, alors oui j'ai présenté Pompée comme un dirigeant tout-puissant, car il l'était assurément à une époque.
Je peux vous dire que certaines biographies de César sont justement beaucoup moins neutres et plus dithyrambiques. De toutes les façons, je compte écrire un article sur César aussi (mais je vais prendre mon temps) et vous verrez que j'essaie dans la mesure du possible de ne pas prendre de parti pris.
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